Si le tout jetable a été vendu aux précédentes générations comme une libération, l’abandon de contraintes et la facilité, il n’en reste pas moins que ces produits à usage unique sont un désastre écologique. En plus des ressources nécessaires à leur fabrication et à leur acheminement, il faut prendre en compte les ressources utilisées pour les détruire ou les recycler. Ces produits jetables comme les sacs, les emballages, les cotons tiges nécessitent du plastique, matière polluante issue du pétrole. Ces produits sont parfois recyclés mais ils sont aussi parfois enfouis ou incinérés. Quand ce n’est pas du plastique, comme pour les cotons démaquillants ou le papier absorbant, c’est du coton, dont la culture, souvent OGm, nécessite des quantités phénoménales d’eau et de pesticides. Une pollution invisible mais pas moins irréelle. Trier ces déchets, c’est bien mais limiter leur production, c’est encore mieux; comme on dit, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Voici donc quelques petits gestes faciles à mettre en place pour réduire ces déchets.
1_ Composter !
Alors là, c’est la base de la base. Traiter les déchets organiques comme les autres ordures ménagères est une aberration puisqu’il est très facile à l’échelle de chaque habitant de gérer soi même (et valoriser!) ce type de déchet. Ne pas composter est une perte d’énergie et de ressources (transport, gestion, incinération) mais aussi financière. Composter est accessible à quasiment tout le monde, que vous ayez un jardin ou non. Il existe le compostage traditionnel, en tas ou dans un bac dans le jardin et le lombricompost et le bokashi si vous n’avez pas de jardin. Dans certaines villes, il existe également des composts collectifs et/ou du ramassage de déchets organiquesdirectement à votre porte.
2_ Acheter en vrac & utiliser des contenants réutilisables.
L’emballage d’un produit représente de 5 à 20% de son prix de vente : quand on sait qu’il finira à la poubelle, on peut littéralement se dire que c’est jeter l’argent par les fenêtres. La solution, pour alléger porte-monnaie et poubelle, c’est le vrac (et ses contenants réutilisables). On le retrouve dans les magasins biologiques, quelques grandes surface et dans de jolies boutiques sans emballage comme L’effet Bocal à Poitiers. La vente directe telle que les marchés, l’achat à la ferme ou les amap permet aussi d’amener ces propres contenants. Sacs en tissus (voir mon tuto pour les faire vous même), bocaux, boites « tuptup » (dans l’idéal en verre, mais si vous en avez déjà en plastique, ne les jetez pas
) – Et même sans pousser jusqu’à l’achat « tout en vrac », refuser les sacs plastiques (même les pseudo biodégradables qui ne le sont pas réellement) , avoir toujours un sac à pain pour y mettre … son pain ou faire attention à ne pas acheter de produits sur-sur-sur-sur eemballés, c’est déjà un bon début.
3_ Remplacer ces produits ménagers par des choses simples
Nul besoin d’avoir 10 produits spécifiques destinés à chaque pièce de la maison et à chaque type de surfaces. Ici, on se contente du vinaigre blanc (33cts/L) pour les plans de travail, la salle de bain, les bêtises des animaux, les vitres; du bicarbonate de sodiumpour les taches plus incrustés comme sur les plaques vitro. Du savon noir (additionné de vinaigre pour dégraisser) pour laver le sol. Pour le lave vaisselle, nous utilisons des cristaux de soude et de l’acide citrique (recette des tablettes); pour détartrer les wc, nous utilisons également l’acide citrique (recette des tablettes). Enfin, pour la lessive, elle est faite à base de cendres du poêle à bois, mais il est possible d’en faire à base de lierre ou encore de savon (comme le savon de Marseille). Ces produits se trouvent en magasin bio ou en grandes surfaces (plus cher!).
4_ Passer aux cosmétiques solides
L’intérêt des cosmétiques solides est de ne pas avoir d’emballage en plastique (même s’il arrive que si…), et de durer plus longtemps que leur homologues en bouteille ou tube (et donc, de produire moins de déchet, même s’il y a un emballage plastique). Vous pouvez les acheter tout fait, emballés dans du carton : sur les sites de Lamazuna ou Pachamamai, plus toutes les petites savonneries artisanales tel que Aux grandes z’oreilles dans la Vienne. Ou vous pouvez choisir de les faire vous même, comme nous. Un shampoing solide personnalisable ou un personnalisé pour les dreads , un déodorant solide , des savons saponifiés à froid, et même du dentifrice en poudre !
5_ Remplacer le jetable par du réutilisable
Lorsque vous renversez quelque chose, vous pouvez remplacer le papier essuie-tout par une éponge ou des torchons. Les cotons tiges se remplacent par un oriculi, en inox ou en bois (voire, par votre auriculaire), les cotons démaquillants jetables trouvent leur remplaçant lavables dans les magasins bio, sur internet, ou dans votre placard avec des chutes de tissus (voire mon tuto pour les faire vous même); les lingettes démaquillantes ou nettoyantes c’est pareil, à bannir. Le film alimentaire ou l’aluminium utilisé pour couvrir des plats peuvent être remplacés par un couvercle en tissu, un bee’s wrap ou une assiette. Les pailles en plastique existent en inox; vous allez me dire, c’est un produit qu’on peut simplement supprimer mais pour boire un smoothie bien épais, une paille est plutôt la bienvenue. Les dosettes de café existent aussi en version réutilisable. Pour les concerné.e.s , les protections hygiéniques jetables peuvent être remplacées par du réutilisable : il existe la désormais célèbre coupe menstruelle , les serviettes hygiéniques lavables (celles ci sont fabriquées dans les Deux-Sèvres
) et même des culottes périodiques . Non, ce n’est pas « un retour en arrière » mais bien un progrès puisque il s’agit d’une prise de conscience. En plus, il n’est pas question d’avoir des couches surdimensionnées à laver à la main mais de jolis produits plutôt discrets. Il existe également pour les enfants les couches lavables.
De laver ces produits ne gaspille pas d’eau, il n y a pas besoin de faire davantage de lessives pour 3 torchons et 5 cotons. En revanche comme expliqué plus haut, fabriquer ces produits jetables consomme une quantité énorme d’eau; vous ne le voyez pas, mais ce sont des milliers de litres utilisés pour finir à la poubelle.
6_ Acheter d’occasion & donner, troquer et vendre.
« En quoi acheter de seconde main va réduire mes déchets? » ; l’occaz ne va pas forcément réduire le volume de vos poubelles mais va permettre à des objets déjà fabriqués de ne pas finir à la poubelle – en tous cas, pas tout de suite. De même que proposer au don, au troc ou à la vente des objets qui ne vous servent plus va permettre d’économiser des ressources qui aurait été nécessaire au traitement du dit objet lors de son recyclage ou de sa destruction. Nous avions rédigé tout un article sur l’achat d’occasion, spécifiquement sur l’ameublement.
7_ Réparer
Plutôt simple comme principe, lorsqu’un produit est abimé ou cassé, il faut essayer de le réparer : il existe bon nombres de tuto sur internet pour recoudre un pantalon déchiré, renforcer un meuble ou changer la résistance d’une télévision qui ne s’allume plus. Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un.e bricoleur.se , demandez autour de vous ou trouvez un atelier de réparation comme le proposent certaines associations (comme les « Repair café« ).
8_ Arrêter les plats préparés et cuisiner
Même si ces plats peuvent être d’un grand secours un soir de flemme, il n’en reste pas moins que c’est généralement de la merde (non, je n’ai pas envie de prendre des pincettes), de la merde qui coûte cher et qui en plus, est sur-emballée. Maintenant qu’on a acheté nos aliments en vrac, on peut passer aux fourneaux et cuisiner de bons petits plats (en grosse quantité, pour les congeler et les sortir les soirs de flemme
). Stop aux
briques de soupes, on prend 10 minutes pour laver, éventuellement éplucher, couper et mettre à cuire de délicieux légumes de saison, le tout couvert d’eau une dizaine de minute, on mixe et c’est prêt. Stop auxsalades en sachets(lavées au chlore) et autresbarquettes de carottes râpées, on prend 2 minutes, on lave sa salade, on lave sa carotte, on la râpe et c’est prêt. Stop auxpâtes toutes prêtes, on prend 10 minutes, on mélange l’eau, la farine, le sel, potentiellement le levain, on pétrit, on étale et c’est prêt (à garnir). Stop aux.. je peux continuer longtemps. Bref, des gestes simples, qui prennent peu de temps, qui permettent de manger mieux, moins cher et… de produire moins de déchet.9_ Arrêter d’acheter de l’eau en bouteille
Ça vous semble pas un peu idiot d’utiliser de l’eau pour faire une bouteille dans laquelle on met de l’eau avant de la jeter et d’aller polluer de l’eau ? Avec une petite vidéo qui va bien.
L’eau du robinet n’est pas toujours super bonne partout, je vous l’accorde. Il y a même des communes où il est déconseillé aux personnes fragiles de la consommer. Bon d’accord. Il n’empêche que pour la majorité des villes et des personnes, il est tout à fait possible de la boire. Et que l’eau en bouteille n’est pas un gage de sécurité alimentaire; lorsque ces bouteilles sont mal stockées (c’est à dire, exposées à la lumière et à la chaleur), les substances toxiques voire cancérogènes (perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A, phtalates…) migrent dans l’eau. D’ailleurs, si on appliquait les mêmes normes à cette eau que celles qu’on applique à l’eau du robinet, celle des bouteilles serait invendable (source). Si l’eau a un gout chloré, vous pouvez la faire reposer; si vous avez peur d’ingérer à votre insu des médicaments et autres merdouilles qu’on peut y trouver, vous pouvez investir dans du charbon actif. Écologiquement parlant, les bouteilles sont évidemment un désastre. Le plastique utilisé dans sa fabrication, le polyéthylène téréphtalate (PET) nécessite près de 2 kg de pétrole brut pour fabriquer 1kg de PET. L’eau parcourt en moyenne 300 km, de l’embouteillage au recyclage, donc c’est encore une fois des quantités phénoménales de pétrole qui sont utilisées. Enfin, plus de la moitié de ces bouteilles ne sont pas recyclées. En plus de protéger l’environnement, vous pourriez faire de belles économies puisque l’eau en bouteille est de 100 à 200 fois plus chère que l’eau du robinet.
10_ Mettre un stop pub sur sa boite aux lettres
Oui, je sais, faire ça c’est condamner des employés précaires à perdre leur taf; je n’encourage pas les emplois précaires et je n’encourage pas l’emploi à tout prix. On pourrait avoir le même raisonnement avec le tabac qui tue plus de 70 000 personnes en France par an mais qui pourtant fait vivre les fabricants, les buralistes et même les oncologues. Ou avec les armes. Bref. — On compterai presque 3kg de pub par mois par ménage et seule la moitié serait recyclée. 830 000 tonnes de papiers pour de la publicité… (voir Planetoscope). Les annonceurs français dépensent 2,9 milliards d’euros chaque année en prospectus publicitaires, « répercutés sur le prix de vente des produits » Youhou, super. En plus, vous passez à la caisse deux fois puisqu’il faut ensuite recycler ces papiers et ça se répercute du coup sur votre taxe d’ordures ménagères (230 millions d’euros par an pour les papiers. Youhou: source). Ces deux coûts représenteraient 176€ par ménage (source). En plus, comme les grandes surfaces ne font pas dans le social, vous pouvez être sûr.e que les supers promos ne sont que des leurres qui vont vous faire dépenser plus que nécessaire (voir cet article). En conclusion, ce stop pub est un bon moyen de réduire son volume de déchet, tout en faisant des économies.
J’ai conscience que tous ces gestes ne sont pas applicables à tout le monde (chacun.e a sa vie et son quotidien à gérer, parfois on a pas le temps ou pas l’énergie) pour autant, parmi ces 10 gestes, il y a pleins de petites choses faciles à mettre en place, tout en prenant son temps. ça peut demander un peu de réflexion et d’organisation au début mais ensuite, tout devient une habitude. De plus, pas mal de ces gestes facilitent à la longue le quotidien. Enfin, quand on voit le volume de sa poubelle réduire, encore et encore, c’est plutôt gratifiant.
via Réduire ses déchets avec ces 10 gestes simples — les2alchimistes